14 avril 2022
Messe du soir en mémoire de la Cène du Seigneur
Méditation du Père Marcel Baurier
Recteur de la cathédrale sainte Marie
(St-Bertrand de Comminges)
Pour lire les textes liturgiques AELF de la messe, cliquer ici :
Livre de l’Exode 12, 1-8.11-14 ; Psaume 115 ; Première lettre de saint Paul aux Corinthiens 11, 23-26 ;
Évangile selon saint Jean 13, 1-15.
Vous avez sûrement remarqué les similitudes entre les trois lectures de ce jour. La première similitude, toute simple, est qu’il s’agit dans les trois de repas même s’ils sont différents les uns des autres : le premier, pris à la hâte, la ceinture aux reins, prêts à se mettre en route ; le deuxième, la cène avec le moment où Jésus se donne en nourriture, le troisième, toujours la cène, avec le moment où Jésus pose le geste du lavement des pieds. Mais il y a une autre similitude d’importance : c’est le commandement de faire mémoire, et pour toujours, de ces repas.
Le premier repas dont nous faisons mémoire est ce repas pris pour la route, pour marcher vers la rencontre du Seigneur et entrer avec lui dans une alliance renouvelée. Car la vie de tous les croyants, et donc celle des chrétiens, sera toujours sous le signe du mouvement, de la marche, du pèlerinage vers Dieu. Le peuple de Dieu, pour le service duquel certains baptisés ont été ordonnés, est et sera toujours un peuple en marche jusqu’à la rencontre définitive avec Dieu. En ce jour où nous célébrons l’institution de l’eucharistie et du sacrement de l’ordre, rappelons-nous que l’eucharistie est au service de cette marche, et que les évêques, les prêtres et les diacres, ordonnés pour servir l’eucharistie, sont aussi au service d’un peuple en marche.
Le deuxième repas, la cène, où Jésus prit du pain et du vin et les donna pour qu’ils soient pour nous son corps et son sang, a un lien très fort avec le repas de l’Exode. Si alors le sang de l’agneau a protégé et sauvé les enfants d’Israël et sa chair a été leur nourriture pour la route vers une alliance renouvelée avec Dieu, Jésus, l’agneau de Dieu, nous sauve et nous nourrit et nous fait entrer dans une alliance nouvelle et éternelle avec Dieu son Père. En devenant ses frères, nourris de sa chair et irrigués de son sang, nous ne sommes plus pour Dieu des esclaves ou des étrangers, mais des fils. Nous célébrons aujourd’hui cette alliance nouvelle et éternelle entre un Père et ses enfants. Les évêques, les prêtres et les diacres, ordonnés pour servir l’eucharistie, sont aussi au service d’un peuple qui doit être témoin de la mort de Jésus et de la vie qu’il donne aux enfants de Dieu que nous sommes. Mais si, comme l’écrit Saint Jean « … dès maintenant nous sommes enfants de Dieu… », nous le serons pleinement après notre mort et notre résurrection car « nous lui serons semblables parce nous le verrons tel qu’il est. » Tant que nous sommes marcheurs sur cette terre, soyons témoins d’une vie donnée à la suite du Christ. Le troisième repas, rapporté par Saint Jean, éclaire ce que doit être le témoignage d’une vie donnée.
Ce dernier repas de Jésus avec ses disciples occupe plusieurs chapitres de l’évangile de Jean. Cinq chapitres sur les vingt, plus un épilogue, que compte le livre, soit pratiquement un quart. Les trois autres évangiles présentent le récit de l’institution de l’eucharistie ainsi que Paul dans l’épitre aux Corinthiens, le passage que nous avons entendu en deuxième lecture.
Saint Jean à qui nous devons le discours de Jésus sur le pain de vie, omet de rapporter l’institution eucharistique. Jean remplace ce récit par celui du lavement des pieds et sûrement cette substitution n’est pas accidentelle. Le geste du Christ, annonciateur d’un monde où règne l’amour et où le maître se fait serviteur, ne fait que redire, sous une autre forme, ce à quoi l’Eucharistie veut nous introduire. Il souligne la nature de la véritable Pâque. Oui, Dieu est passé et l’homme, en Jésus, a enfin répondu à son appel.
Jésus, dans le geste de l’institution de l’Eucharistie et celui du lavement des pieds, révèle le vrai sens de sa vie et de la nôtre. En Jésus s’est accompli le véritable passage du monde de l’esclavage à celui de la liberté. Le prix de ce passage ne fut plus l’agneau pascal partagé par les Hébreux. Ce fut Jésus lui-même, consentant à ouvrir seul et le premier la route vers la vie.
« Faites cela en mémoire de moi. » Du pain partagé avec amour, Jésus fit à jamais le signe de ce passage, un appel à nous engager nous-mêmes dans sa Pâque, et la garantie de la vraie vie, enfin atteinte. Celui qui va entrer librement dans sa Passion, appelle les hommes à se mettre librement au service de leurs frères. Les évêques, les prêtres et les diacres, ordonnés pour servir l’eucharistie, sont aussi au service d’un peuple de frères et de serviteurs !
Marcel Baurier






Photos du haut vers le bas : Vue d’ensemble, Vierge Marie du rétable, jubé, orgue, portail roman et maître-autel de la cathédrale Sainte Marie de St-Bertrand-de-Comminges (Haute-Garonne). Père Marcel Baurier, Recteur de la cathédrale.
La cathédrale Sainte Marie de Comminges (XIe-XIVe siècle) contient entre ses murs, une église intérieure en bois de chêne (photos ci-dessus), ornée de splendides sculptures et décorée de marqueteries réalisées entre 1525 et 1535. Cet espace propose une méditation sur l’histoire du salut, depuis le péché originel jusqu’au paradis représenté au maître autel. Un orgue Renaissance fut également construit en 1551 (Source : diocèse de Toulouse). La cathédrale Sainte Marie est inscrite au Patrimoine mondial de l’UNESCO pour les chemins de St-Jacques de Compostelle.
Le Père Marcel Baurier, né en 1937, a été ordonné prêtre en juin 1964. Curé à Toulouse pendant quarante ans, il a été très jeune membre du Conseil épiscopal de l’Archidiocèse de Toulouse, secrétaire général du synode et vicaire épiscopal responsable de l’agglomération toulousaine. Ancien président de la radio chrétienne régionale, Radio Présence, de 1989 à 2009, il continue de nos jours certaines semaines à présenter des homélies à la radio. Il est Recteur de la cathédrale Sainte Marie à St-Bertrand de Comminges (Haute-Garonne) depuis septembre 2009, où il accueille les pèlerins dans ce haut lieu nommé “Sanctuaire du Comminges” sur le chemin de St-Jacques de Compostelle.
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