Prédication du Père Marcel Baurier – Dimanche 24 janvier 2021
Jonas 3, 1-5.10 ; Psaume 24 ; 1 Corinthiens 7, 29-31 ; Marc 1, 14-20
Une lecture trop rapide de la parole de Dieu de ce jour peut nous faire penser que c’est le même message que dimanche dernier : répondre, et si possible vite, à l’appel de Dieu. Prenons le temps de l’accueillir.
« Les gens de Ninive se détournèrent de leur conduite mauvaise »
Première lecture. J’aime bien l’histoire de Jonas (Jon 3, 1-5.10) et je trouve dommage qu’en lecture nous n’ayons droit qu’à un court passage un peu remanié, car il nous est dit que, sur l’ordre du Seigneur, Jonas, sans discuter, va prêcher la conversion aux ninivites. Or nous savons combien Jonas fut récalcitrant à l’injonction du Seigneur, combien il dépensa d’énergie pour ne pas obéir et les conséquences humides et maritimes de son refus. Par son récit symbolique, l’auteur du livre de Jonas entendait faire redécouvrir l’urgence de sa mission universelle à un Judaïsme qui succombait à la tentation d’une torpeur satisfaite et refusait de s’engager dans la mission, en se pensant élu de Dieu. Car si Israël a été choisi par Dieu, c’est pour être un signe dans le monde et non pas pour être son chouchou et se laisser cajoler par lui.
N’oublions pas cette leçon. Il est bon de le rappeler en ce dernier jour de la semaine de prière pour l’Unité des Chrétiens, car elle concerne aussi toutes les confessions chrétiennes et notre Eglise Catholique : nous nous croyons aimés de Dieu, et cela est vrai et bon. Mais ce n’est pas pour nous en glorifier. C’est pour annoncer à tous les hommes qu’ils sont eux aussi aimés de Dieu. Lors de ses voyages dans divers pays¸ le Pape François, s’il prend en compte les conditions de vie souvent difficiles de ses auditeurs, il ne les dorlote pas pour autant mais leur demande d’être missionnaires.
« Seigneur, enseigne-moi tes chemins »
Psaume. Le psaume (Ps 24, 4-5ab, 6-7bc, 8-9) est un appel au Dieu de tendresse pour qu’il nous donne la lumière nécessaire pour continuer la route en dépit des obstacles.
« Frères, le temps est limité… Car il passe, ce monde tel que nous le voyons »
Epitre. Dans sa première lettre aux Corinthiens (1 Co 7, 29-31), saint Paul invite les chrétiens à réorienter, sans attendre, leur manière de vivre. Car, sans mettre en cause leur valeur, les activités humaines doivent être relativisées en fonction de la seule véritable urgence, l’ouverture à un Royaume qui ne demande qu’à faire irruption dans le monde. A cette urgence, bien souvent nos réponses sont du genre : « Ce n’est pas possible maintenant… La situation n’est pas mûre… Les conditions nécessaires ne sont pas réunies… il faut être patient… » Tels sont nos alibis lorsque nous reculons, un peu comme Jonas, devant certaines décisions à prendre. Certes, nous croyons en la patience de Dieu. Mais elle ne peut, en aucun cas, être considérée comme une incitation à la torpeur.
Eh oui, si, comme nous le savons car cela fait partie de notre expérience, la germination est longue, il importe donc plus encore de ne pas tarder à labourer et à semer. C’est donc dès maintenant, qu’il faut nous mettre en route en nous réorientant vers ce qui est important. Essayons de découvrir ce que cela peut signifier dans notre existence pour répondre aux appels de la parole de Dieu de ce jour. Car notre vie doit pouvoir être signe : « Que votre lumière brille devant les hommes ; alors, en voyant ce que vous faîtes de bien, ils rendront gloire à votre Père des cieux. » (Mt.5, 16)
« Convertissez-vous et croyez à l’Evangile »
Evangile (Mc 1, 14-20). Quand Marc écrit son Evangile, c’est-à-dire sa Bonne Nouvelle, l’ardeur joyeuse des premières communautés chrétiennes attendant le retour du Christ, a fait place à une certaine désillusion, conséquence des difficultés quotidiennes et des persécutions qui commencent. L’évangéliste entend redonner vigueur et dynamisme à ses lecteurs, les arrachant à une vision trop facile du Royaume. Croire au Royaume de Dieu, désirer qu’il advienne et souhaiter en faire partie dès maintenant et pour toujours, cela ne peut que provoquer un retournement de l’existence. Le Royaume mérite que l’on abandonne tout pour se consacrer à lui et à le faire connaître. N’est-ce pas ce que firent les premiers apôtres ?
Depuis Simon et André, Jacques et Jean combien de femmes et d’hommes ont fait, eux aussi, ce choix de se consacrer au Royaume et de le faire connaître. Quant à nous, quels nouveaux choix pourraient-être les nôtres ?
Marcel Baurier

Le Père Marcel Baurier, né en 1937, a été ordonné prêtre en juin 1964. Curé à Toulouse pendant quarante ans, il a été très jeune membre du Conseil épiscopal de l’Archidiocèse de Toulouse, secrétaire général du synode et vicaire épiscopal responsable de l’agglomération toulousaine. Ancien président de la radio chrétienne régionale, Radio Présence, de 1989 à 2009, il continue de nos jours certaines semaines à présenter des homélies à la radio. Il est Recteur de la cathédrale Sainte Marie à St-Bertrand de Comminges (Haute-Garonne) depuis septembre 2009, où il accueille les pèlerins dans ce haut lieu nommé “Sanctuaire du Comminges” sur le chemin de St-Jacques de Compostelle.
Crédit Photos : Maïté Ruellan et Epheta Editions
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